La raie au milieu

Voilà, le CPE est mort. C´est fait.

2 mois de perdus dans la lutte contre le chomage des jeunes. Une gauche revigorée, mais aux propositions (pour l´instant) transparentes. Une Droite ridicule... Pas tellement Chirac, qui nous a habitués au retournement de veste permanent. Pas tellement Villepin, déjà tellement décrédibilisé par sa posture autiste et jusqueboutiste. Mais plutot Sarkozy, le petit nicolas, chantre de la rupture au Journal de 20 heures mais qui tourne casaque à la première bronca de la rue.

Pire encore : le Président de l´UMP n´a cessé de s´abriter derrière Villepin. Pour mieux pouvoir le frapper dans le dos ?

J´avais peur que Sarko soit un nouveau Thatcher made in France. Mais la Dame de Fer a tenu huit mois face aux mineurs en grève. Elle n´a jamais laché prise, meme lorsque du sang a coulé. Le maire de Neuilly, lui, n´a du courage politique qu´en surface. Et son bilan politique depuis 2002 est maigrelet pour un présidentiable, chef du Parti Ultra-Majoritaire.

En un mot, pour reprendre une belle expression du détestable Philippe de Villiers : Sarko, c´est le roi de la rupturette. Much a do for nothing.

Chers camarades anti-CPE,

pendant que vous compromettez votre année universitaire pour faire barrage à la précarité, sachez que la jeunesse des écoles de commmerce s´en fout pas mal. Si elle ne s´en fout pas, elle est pro-CPE. Et pour la minorité d´anti-CPE, c´est le silence contraint face à la norme ambiante.

Tenez, savez-vous quel est l´événement qui tient en haleine le HEC moyen en ce moment ? Il s´agit de la Campagne BDE (Bureau des élèves), une semaine de soirées, de bouffe, d´animations offertes gratuitement par les trois listes en compétitions. Un vaste gaspillage en ressources financières (100 000 € de budget par liste) et humaines (2 listes perdantes, c´est 60 personnes qui auraient pu faire de l´humanitaire...ou de la lutte anti-CPE ;-) ). Bien entendu, l´administration consent. Le pire, c´est de voir toute cette gratuité bénéficier aux petits privilégiés que nous sommes.

On me dira que je crache dans la soupe en critiquant un système auquel j´appartiens. Faux : je reconnais que mon école est formidable, avec des moyens superbes (profs, notamment), une vie associative démente et plein d´étudiants "normaux" et sympa. Le vrai souci, c´est ce modèle de glande ou de "coolitude" généralisée qui se reproduit d´année en année, véhiculé par une minorité d´héritiers qui font de l´école un instrument de leur bon plaisir.

Eh, mec, parce que t´as réussi une fois dans ta vie un concours difficile, tu crois bénéficier d´une rente perpétuelle ? Le problème, c´est que ces petits cons répondraient oui à la question. Plus gerbant encore : rien ne risque de leur démontrer le contraire dans le reste de leur existence. Alors le CPE, vous comprenez...

C´est pas moi qui vais vous dire pourquoi. Je lorgne plutot du coté de ma voisine, son haleine de bouc et ses yeux chassieux qui comptent les lingots d´or qui me couleront bientot dans les mains :

<< De toute facon, mon petit Charles, ca n´est pas vous qui irez manifester contre le CPE ! Quand on est à HEC, on n´est pas concerné par ce genre de choses !>>

Bien sur, j´acquiesce pour pas froisser les bonnes relations du voisinage. Je dis pas que je reviens de Paris, et au j´étais bien heureux au chaud dans les slogans de la manif. Je croise bien fort les doigts pour qu'une putain de caméra ne m'ait pas pris dans ses filets. Encore moins pour que Schonberg-PPDA-Ockrent et la ribambelle médiatique daignent m´épargner pour une fois que je le demande.

Merde, si on me voyait à l´école, je serais bien ! J´aurais plus qu´à me cacher dans le maquis josacien pour éviter les embuscades des "Jeunes Populaires" !

Qu'est ce que j'y peux, moi, si je suis dans une école de blancs bourgeois langés dans de la soie ! Et meme, si je veux gueuler, je dois bien le pouvoir ! Qui pourrait le faire, sinon ?